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A) Le Héros Antique

Le mot « héros » est apparu pour la première fois dans les récits d'Homère bien que la notion existe depuis les premières civilisations qui ont peuplé le monde. Le héros est un personnage réel ou fictif, qui se distingue par des qualités ou des actions exceptionnelles. Il est le plus souvent, dans l'antiquité, un demi-dieu ou un homme divinisé qui se démarque par ses valeurs, et la force de ses convictions. Avec Homère le terme Héros prend son sens moderne « d'homme rendu exceptionnel par ses qualités humaines » car même choisit des Dieux, Ulysse est un simple mortel qui n'a aucune qualité surnaturelle.

Dans l'antiquité grecque, le héros est fruit d'une exagération. Il connaît des vertus qui lui font dépasser le commun des mortels, homme ou demi-dieux élevé au- dessus des autres humains par ses exploits. Le Héros grec antique s'illustre dans la catégorie des guerriers. Ceux-ci doivent faire leur preuve par les armes afin de prouver leur force physique autant que leur courage face au danger. En effet, le grade de héros (qui donnera le héros latin, puis le héros français) était attribué aux plus valeureux chef de guerre.

Le Héros grec de l'antiquité érige en modèle le guerrier qui devient l'image idéale de l'homme. Suite à un combat victorieux les guerriers du camp gagnant acclamaient leur chef-héros. A cette époque la société grecque de l'antiquité met en avant les métiers militaires. La guerre o pas encore d'héroïne (effectivement en occident elle n'apparaît que très tard puisque les femmes ne seront que tardivement reconnues capables d'exercer des fonctions autres que domestiques) car les femmes sont sous- considérées par les grecs qui ne les mettent que peu en valeur et ne leur confèrent presque aucun droit. Ce machisme se ressent dans l'univers des héros antiques qui ne portent quasiment pas d'intérêt à leur femme. Les seules femmes actives sont les déesses et les amazones.

Le Héros constitue donc un excellent miroir de la société grecque car il reflète un idéal militaire par la force et la vaillance et un idéal politique puisqu'il possède généralement un lien avec le pouvoir (fils, neveu...du dirigeant) ou bien il est lui même le dirigeant de la citée.
En effet, les grecs de l'époque antique lient étroitement le pouvoir politique, militaire et juridique. De cette façon, le héros des récits grecs de cette période est obligatoirement un homme, puisque les femmes ne peuvent pas se battre, souvent demi-dieu, beau, courageux, viril mais surtout indispensable puisqu'il représente le meilleur des hommes dans une armée.

Néanmoins, les héros à l'instar des hommes sont soumis aux pouvoirs divins, il sera victime de l'humeur des Dieux, tantôt bienfaisante, tantôt malfaisante, comme l'est, par exemple, Ulysse, maudit par Poséidon, et aidé par Athéna. Face aux interventions divines, le Héros peut dépasser sa condition humaine pour s'élever au rang de surhomme et devenir un élu des dieux.
Les héros exercent sur les hommes et sur les événements une influence quasi divine.




Exploit de Diomède (tiré de l'Iliade), céramique antique datant d'environ 490 avant Jésus Christ. Hauteur : 45,2 cm Largeur : 51,3 cm, conservée à Boston au Museum of fine arts.

Dès le VIII ème siècle avant Jesus Christ, le culte des héros se développe, des temples leurs sont dédiés, appelés Hérôon.



Ruines du Hérôon de Sagalasoss

En déposant des poteries, des statuettes en terre cuite ou en y faisant des sacrifices, les tombes des héros sont vénérées. Si certaines le sont dans la Grèce entière comme les multitudes sanctuaires représentants Héraclès, les tombes des héros plus modestes, ne sont honorées et célébrées qu'en petite communauté, dans la cité d'origine du héros.

Le culte voué aux héros inclut souvent les mêmes rites, les mêmes cérémonies et les mêmes célébrations que le culte voué aux divinités, en effet ils sont comme les dieux et déesses, invoqués et cités dans les prières. Le développement de ce culte coïncide avec la généralisation des poèmes homériques, ventant les vertus de ces héros. Les historiens ont montré comment le culte héroïque est d’abord aristocratique puis civique. Il vise la maîtrise d’un territoire par ceux qui ont la charge de le défendre. Un conflit émerge entre l'exaltation et la condamnation de la violence qui caractérise le héros. Le fait d'utiliser la violence pour en faire disparaître une plus importante n'est tolérée qu'uniquement parce qu'elle est nécessaire au fonctionnement de la citée dont les lois doivent être respectées. Le culte du héros est donc plus ou moins fort selon les partisans de la défense violente et les partisans du pacifisme absolu.

Tombe romaine antique, date et origine inconnue, conservée au musée du Capitole à Rome.

Le développement de ce culte coïncide avec la généralisation des poèmes homériques, ventant les vertus de ces héros.
Le héros antique a toujours souhaité une mort honorable et glorieuse, pour rester dans la citée. Achille est un exemple type de cette volonté, ayant le choix entre une mort honorable mais au prix d'une vie courte et une vie longue mais obscure, ce dernier choisi la gloire d'une mort rapide. Le culte rendu à ces symboles est un moyen de les faire perdurer à travers les temps et au delà de leur mort.

Durant l'antiquité, deux types de héros se développes, le héros épique, et le héros tragique.


B) Les différents types de héros

Le héros tragique :

Dans l'antiquité, le pouvoir politique se devait d'imposer ses lois et son pouvoir sur le peuple, afin d'éviter la guerre civile, la rébellion ou les émeutes . C'est lors de ces conflits que le rôle du héros tragique se fait sentir , il est déchiré entre son devoir moral et civique . Le héros est en but à un système si solide qu'il n'a aucune chance de le renverser. L'ennemi est rarement représenté par un homme car il pourrait alors être vaincu (ou alors il s'agit d'un roi si puissant qu'il s'apparente à un Dieu). Il s'agit plutôt d'une force occulte, divine, d'une fatalité qui dépasse largement le pouvoir du simple mortel. Puisque ces deux points de vue sont justes , le rôle de la tragédie est donc de mettre en avant le triomphe des lois et du pouvoir politique au sein de la cité et l'obligation des citoyens de s'en remettre à ces lois tout en se pliant à leurs devoirs divins afin de concilier la loi divine aux lois civiques . A la différence de l'Épopée, la tragédie va plus loin dans l'exploration psychologique des personnages, les choses sont différentes pour les héros de ce genre. Le héros tragique devient l'exemple et l'exception à la fois , il est une homme parmi tant d'autres mais marqué par un destin qui cherche sa perte et la seule solution qui lui reste alors pour faire disparaître ses malheurs est la mort. Bien qu'acceptant sa défaite face à sa destinée écrasante, il voue souvent son énergie à préserver son honneur mais peut toutefois aller à l'encontre des lois de la cité . Mais il est souvent torturé par ces choix qui s'imposent à lui, déchiré entre son devoir moral et son devoir moral .

Nous pouvons ainsi prendre comme exemple Antigone qui possède toutes les caractéristiques de l'héroïne tragique . Tout d'abord, elle est frappée d'une malédiction dont elle n'est pas coupable mais refuse de se soumettre à des lois avec lesquelles elle n'est pas d'accord, et qualifie d'injuste. Antigone représente cependant plus que cela. Elle est celle qui défend les valeurs de l'humanité, alors que Créon, face à elle, défend les valeurs presque machiavéliques (au sens étymologique du terme) de la Cité. Après une guerre civile, il s'agit pour lui d'unir Thèbes autour de symboles : le méchant Polynice et le bon Étéocle. Antigone affronte cette conception de la Cité au nom de la fraternité, valeur bien plus forte, et universelle. Son devoir est d'enterrer Polynice, et elle l'accomplit envers et contre tous. L'amour qu'elle porte à Polynice n'a rien à voir avec ce qu'elle fait. Si Créon avait condamné Étéocle au même châtiment, elle aurait fait la même chose pour lui. Elle est capable d'oublier son individualité pour défendre les valeurs transcendantes de l'humanité accomplir son devoir (et se sacrifier pour son idéal) ce qui fait d'elle une héroïne engagée .


Le héros épique :

A la fois sujets et moteurs de l'action, emblème de la société et modèle de vie, le héros épique est l'objet principal des épopées. Le héros épique, souvent descendant d'une lignée divine ou aristocratique, est avant tout un guerrier ou un aventurier dont les prouesses lui confèrent une grande renommée. Il est, comme Ulysse ou Achille, promit à une mort précoce. Des forces extérieures le menacent au cours de son périple dont il peut triompher et ressortir plus fort encore. Les héros antiques sont considérés par leurs contemporains comme des défenseurs des valeurs et des lois de la cité contre le monde extérieur. Ils deviennent ainsi des « citoyens modèles » se battant pour des causes nobles, et devenant un exemple à imiter. Ulysse est un héros épique par excellence, cause de la discordes des dieux, il est soumit à son destin et se bat pour rejoindre sa contrée. Sa réussite résulte autant de sa valeur guerrière que de son intelligence qui est d'avantage mis en avant dans l'Odyssée. Ses valeurs, humaines ou divines, rythment ses périples, et lui ont conféré ce statut de héros. Bientôt les aèdes mettent en vers les exploits du général vainqueur et racontent ses aventures à travers leurs voyages. L'épopée ou le poème épique est ainsi crée ; il mêle des faits réels à des faits légendaires et célèbre un héros souvent élevé au rang de demi- dieu. Les aèdes donnent à leur héros des liens de parenté divins afin de pouvoir expliquer les prouesses accomplies. Ainsi, certaines légendes comme la guerre de Troie, se sont peut-être réellement déroulées. Les aèdes les auraient alors falsifiées afin de rendre leurs récits plus captivants et leurs héros plus extraordinaires. Le mot « héros » est finalement détourné pour parler des chefs militaires de la guerre de Troie faisant ainsi le lien entre le chef de guerre et le personnage de légende.

Les héros sont donc dans l'antiquité des icônes importantes, qui durent au-delà de leur mort grâce au culte qui leur est rendu. Ils sont le modèle de la cité entière.